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« FORFAITURE » (1937)

30 Juil

LOUIS JOUVET ET LISE DELAMARE

« FORFAITURE » de Marcel L’Herbier est le remake d’un film muet de Cecil B. DeMille inspiré d’un roman de l’Américain Hector Turnbull.

Lise Delamare rejoint son vieux mari (Victor Francen) en Mongolie où il construit un pont. Elle se met à perdre de l’argent au jeu et s’endette auprès du prince tout-puissant Sessue Hayakawa qui la désire ardemment. Bientôt, c’est le mari qui est éclaboussé et dont l’honneur est mis en jeu. Un sujet de mélodrame très classique, qui peut sembler un peu ridicule aujourd’hui, mais transcendé par la réalisation ample et esthétisante de L’Herbier. Tous les intérieurs exotiques furent tournés en studio à Boulogne-Billancourt, les extérieurs en Camargue. Rien que cela est un bel accomplissement, car le film est réellement dépaysant. On suit sans passion, mais avec un certain intérêt, les relations entre des personnages brossés à gros traits, dont certains prêtent à sourire (Lucas Gridoux qui jouait un Arabe dans « PÉPÉ LE MOKO » est ici un patron de tripot… chinois !). Heureusement, hormis le malheureux Francen, beaucoup trop âgé pour son rôle et toujours aussi théâtral et rigide, le cast vaut le détour : Lise Delamare d’abord, amusante et expressive en mondaine irresponsable, Hayakawa dont le français est à peu près inintelligible en despote sadique, et enfin – et surtout – Louis Jouvet dans un rôle assez secondaire. Il est savoureux, mais étonnamment sobre, en entremetteur plus que louche, jetant de l’huile sur le feu et ramassant les miettes de son « maître » chinois. « FORFAITURE », bien qu’il soit indéniablement poussiéreux, est truffé d’images inoubliables, de décors stylisés et surréalistes, et contient quelques séquences étonnantes pour l’époque, comme celle où Hayakawa frustré, marque Delamare au fer rouge pour qu’elle lui appartienne ! À voir donc, malgré une seconde partie (le retour à Paris et le procès) un peu moins originale.

LISE DELAMARE, SESSUE HAYAKAWA ET LOUIS JOUVET

 

Une réponse à “« FORFAITURE » (1937)

  1. Frontin

    31 juillet 2021 at 18 h 29 min

    La libido narcissique du prince se termine mal puisqu’il tombe au moment précis où les troupes impériales du Japon marquent, elles aussi, au fer rouge la Chine. Une coupure de journal visible à l’écran montre d’ailleurs au spectateur la double chute des deux dragons. Sessue Hayakawa est vraiment parfait dans le rôle du prince, même s’il fera mieux par la suite dans le rôle d’un personnage irradiant autant l’élégance que l’horreur (je pense notamment à Macao L’enfer Du Jeu). Le personnage de Louis Jouvet transporte avec lui tout un cortège d’intrigues et semble aussi bien être un escroc, un proxénète qu’un espion. Sa dernière réplique est assez fabuleuse « C’est fini. Pour ici… »
    Victor Francen est d’une raideur qui convient cependant à son personnage. Combien de ces aventuriers de l’extrême Orient, avait fini par oublier femme et enfants pour ne vivre que l’obsession de la réussite d’un projet colonial ? Au fond le film énonce quelque chose d’essentiel : ce qui se joue entre les personnages c’est le triomphe de l’intérêt personnel. A la toute fin, la victoire de l’amour absolu sonne assez faux après tout ce que l’on a pu voir durant tout le film de la part des uns et des autres. Sans doute qu’il fallait garder la morale sauve.

     

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