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« LE SECRET » (1974)

10 Mai

Adapté d’une Série Noire de Francis Ryck, « LE SECRET » de Robert Enrico est un thriller paranoïaque typique des années 70, qui confronte trois personnages à la machine d’État prête à éradiquer le moindre obstacle – ou potentiel obstacle – sur sa route.

Évadé d’un HP spécialisé dans la torture mentale et physique, Jean-Louis Trintignant se réfugie à la campagne, dans la maison délabrée d’un soixante-huitard rangé des voitures (Philippe Noiret) qui y vit avec sa femme (Marlène Jobert). C’est principalement un film d’acteurs centré sur le trio de vedettes, les seconds rôles ne sont que des silhouettes à peine filmées. C’est un festival Trintignant qui se délecte visiblement d’un rôle écrit sur-mesure de fugitif pathétique et dangereux, tout en ambiguïté et en contradictions. Il excelle dans cet emploi, surtout dans les moments où il dérape dans la mythomanie et le délire de persécution. On pense à la scène où il abat un forestier innocent, par exemple, à faire froid dans le dos. Face à lui, Noiret se repose beaucoup sur ses tics de jeu dans un rôle parfois illogique et irritant de vieil ours naïf et crédule. Jobert se débat courageusement avec un personnage pénible et sans relief. On aperçoit au début du film l’inquiétant Antoine St. John (« IL ÉTAIT UNE FOIS LA RÉVOLUTION ») en infirmier. « LE SECRET » n’est pas un grand film, les rebondissements sont trop téléphonés, le côté kafkaïen est trop ou pas assez développé et le dénouement, sur une plage des Landes, laisse curieusement insatisfait. Mais on se console avec une jolie BO d’Ennio Morricone (qui remplace François de Roubaix, le film étant une copro italienne) et le plaisir, malgré tout, de revoir ces beaux acteurs dans la force de l’âge, dans quelques séquences fortes et intenses.

JEAN-LOUIS TRINTIGNANT, MARLÈNE JOBERT, PHILIPPE NOIRET ET ANTOINE ST. JOHN
 

4 réponses à “« LE SECRET » (1974)

  1. Don Gaetano

    10 Mai 2024 at 6 h 34 min

    Pour ma part, j’apprécie beaucoup « Le Secret ». Et encore davantage la BO signée Morricone qui est selon moi une de ses plus belles. C’est d’ailleurs la seule fois qu’Enrico aura la frustration de ne pas travailler avec François de Roubaix. Autre compositeur de génie, je tiens à le souligner.
    Si à sa sortie le film n’a pas eu le succès escompté, selon Philippe Noiret dans ses mémoires, c’est parce que de ce fameux secret, nous ne saurons pas de quoi il s’agit. Idem le réalisateur, il trouvera que le public français est trop cartésien pour l’apprécier à sa juste valeur.
    Le véritable intérêt ne se trouve pourtant pas là. Ce trio de comédiens hors pair nous tiendra dans le doute jusqu’à la fin. Avec un Ugo Tognazzi à la place de Noiret dont il a été question d’imposer par la coprod, je ne suis pas persuadé que le film aurait été aussi intéressant. Quant à Marlène Jobert, malgré quelques caprices, elle a également bien soutenu son rôle.

     
  2. jicop

    10 Mai 2024 at 10 h 29 min

    un film revu il y a peu . Une réussite pour ma part .Très bon exemple de thriller parano a la Française et interprète de main de maître . Chacun joue sa partition parfaitement et le film a pris une belle patine avec le temps même si inscrit dans son époque . Au fond la candeur de Jobert et la bonhommie de Noiret servent l’histoire en contrepoint de la suave ambiguïté de Trintignant . En tout cas une oeuvre ambitieuse et intelligente .

     
  3. Patrick

    10 Mai 2024 at 19 h 48 min

    Un film efficace mais qui ne parvient pas à être aussi captivant que d’autres films du même genre.

     
  4. Corey

    13 Mai 2024 at 16 h 52 min

    Un des meilleurs films de Enrico, un des meilleurs réals de son époque, ou il y avait pourtant une sacrée concurrence. Pour ma part, je trouve la fin parfaite.

     

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