« AFTER HOURS : QUELLE NUIT DE GALÈRE » (1985)

« AFTER HOURS » est une comédie noire au scénario très proche de « SÉRIE NOIRE POUR UNE NUIT BLANCHE » sorti la même année. Situé à New York et dépourvu d’intrigue policière contrairement au film de Landis tourné à L.A., le film de Martin Scorsese est un pur cauchemar paranoïaque dont l’angoisse va croissant.

Modeste informaticien solitaire et coincé, Griffin Dunne, attiré par une jolie inconnue (Rosanna Arquette) dans un bar, met en la suivant chez elle à SoHo, le doigt dans un terrifiant engrenage. C’est la nuit, il pleut à torrents, notre héros n’a pas un sou sur lui et le voilà traqué par une milice de vigilantes qui le prend pour un cambrioleur. Le scénario avance par étapes et chacune de ces étapes est incarné par une femme différente : Linda Fiorentino, artiste ombrageuse et sado-maso, Teri Garr (extraordinaire) barmaid hystérique ou Catherine O’Hara vendeuse de glaces instable. Seule Verna Bloom acceptera d’aider le fuyard à enfin quitter le quartier devenu un piège mortel. L’humour n’est pas absent, accentué par le jeu subtil de Dunne, qui n’est pas sans évoquer Dustin Hoffman, mais ce qui domine, c’est la trouille. D’abord parce qu’elle est progressive, insidieuse et surtout parce qu’elle est réaliste et crédible. Mais le dénouement, qui boucle la boucle en ramenant le malheureux à son point de départ, vient nous susurrer à l’oreille que tout cela n’était probablement qu’un cauchemar et que, comme le laisse supposer le gros clin d’œil au « MAGICIEN D’OZ », « there is no place like home ». Pas dit que Dunne ressorte de sitôt de son appartement de vieux garçon ! Parmi les seconds rôles, on aperçoit John Heard, Cheech & Chong, Dick Miller ou Will Patton, mais c’est Griffin Dunne (également producteur) qui occupe 95% de l’écran et incarne à merveille l’homme fragile des eighties. Une brillante réussite.

LINDA FIORENTINO, GRIFFIN DUNNE, ROSANNA ARQUETTE ET VERNA BLOOM