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« LA CHEVAUCHÉE DU RETOUR » (1957)

25 Mai

Produit par Robert Aldrich, réalisé par Allen H. Miner (et Oscar Rudolph non mentionné au générique), « LA CHEVAUCHÉE DU RETOUR » est un western à petit budget en noir & blanc, au scénario dépouillé et linéaire, centré sur deux personnages centraux fouillés bien au-delà des critères habituels du genre.

William Conrad, un modeste shérif-adjoint peu doué au revolver, traque un hors-la-loi en fuite (Anthony Quinn) réfugié au Mexique. L’arrestation est relativement aisée, mais la route du retour pour l’emmener devant un jury, s’avère être un véritable chemin de croix. Le scénario, enrichi de quelques rares péripéties (la fiancée pot-de-colle de Quinn, des Apaches tenaces, la petite rescapée d’un massacre dont il faut s’occuper), n’est au fond qu’un long face à face entre deux individus diamétralement opposés en tout : Quinn vaurien charismatique aussi attachant que létal et Conrad, lawman mal dans sa peau, complexé, pétri de doutes sur ses capacités et incapable de se faire aimer de qui que ce soit. Leur relation va évoluer, de tentatives d’évasion en corps-à-corps particulièrement brutaux, jusqu’au moment où la haine va faire place à des sentiments plus complexes. Grâce à la magnifique photo de Joe Biroc et malgré une BO envahissante de Frank de Vol, fréquents collaborateurs d’Aldrich, « LA CHEVAUCHÉE… » est une franche réussite, maintenant la tension de bout en bout et ne cédant jamais au manichéisme : oui, Conrad apparaît comme moins sympathique que Quinn, il malmène un enfant quand Quinn le cajole, mais à l’arrivée, on n’est plus très sûr. Bel accomplissement donc et le plus beau rôle de William Conrad au cinéma, lui qui se ferait connaître bien plus tard grâce à la série TV : « CANNON ». Et n’oublions pas le beau visage de Lita Milan et le numéro hilarant de Jorge Treviño en garde-frontière truculent. Excellent film !

À noter : la chanson qu’on entend à plusieurs moments du film et soulignant (inutilement) ce qu’on voit à l’écran, est chantée par l’acteur Eddie Albert qui tourna plusieurs fois pour Robert Aldrich, tout spécialement dans « ATTAQUE ».

ANTHONY QUINN, WILLIAM CONRAD ET LITA MILAN
 

3 réponses à “« LA CHEVAUCHÉE DU RETOUR » (1957)

  1. Don Gaetano

    25 Mai 2024 at 8 h 12 min

    Heureusement qu’il y a des critiques comme les tiennes Fred. Car l’affiche ne donne pas vraiment envie de le voir.

     
    • walkfredjay

      25 Mai 2024 at 8 h 15 min

      Les graphistes des studios ne se foulaient généralement pas beaucoup pour les petites productions…

       
  2. lemmy

    26 Mai 2024 at 20 h 24 min

    Ce western est devenu avec les années un de mes westerns préférés. L’histoire est surprenante, loin des clichés, jouant habilement avec, avec des personnages complexes. Je suis entièrement d’accord pour Conrad, c’est son meilleur rôle, du moins celui qui m’a le plus marqué, avec un personnage « empêché » par tout ce qui l’entoure et sa piètre opinion de lui. J’oserais presque dire aussi pour Quinn, qui en a sous le coude, mais il donne une humanité incroyable à son personnage. Quand deux personnages antagonistes aux personnalités radicalement différentes se rejoignent. Cela me rappelle, toute proportion gardée, les relations entre les deux personnages principaux de « 3h10 pour Yuma ». Remarquable. Et l’ayant un peu oublié, j’ai envie de le revoir. Le DVD français a, de plus, une intervention géniale, pertinente et élogieuse, de Bertrand Tavernier.

     

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