« UN SI DOUX VISAGE » (1952)

Arrivant dix ans après l’âge d’or du film noir hollywoodien, « UN SI DOUX VISAGE » d’Otto Preminger en retrouve néanmoins les accents, le pessimisme et surtout un personnage de femme fatale qui évoque celui de Gene Tierney dans « PÉCHÉ MORTEL ».

Un Robert Mitchum de 35 ans, l’air plus blasé et revenu de tout que jamais, joue un ambulancier tombant dans les griffes d’une jeune femme névrosée (Jean Simmons) qui le fait engager comme chauffeur de sa belle-mère qu’elle hait et rêve de voir morte. Quand celle-ci se tue effectivement dans un accident de voiture, en même temps que son époux, Mitchum est aussitôt soupçonné d’avoir prémédité avec Simmons ce qui semble être un meurtre. Sujet classique à la James M. Cain, qui prend toute son originalité dans le portrait de cette tueuse au visage innocent, au sourire enjôleur. Simmons joue avec finesse ce joli monstre semeur de zizanie, manipulant tout le monde à sa guise. Elle est très séduisante, peut-être lui manque-t-il seulement le grain de folie que possédait, par exemple, Vivien Leigh à laquelle elle fait parfois penser. Mitchum ne se fatigue pas beaucoup, mais sa présence fait le job. Les seconds rôles sont bien distribués, particulièrement Leon Ames en as du barreau cynique, Herbert Marshall en père loser et humilié, pourtant idolâtré par sa fille ou Barbara O’Neil en marâtre honnie. « UN SI DOUX VISAGE » manque – comme souvent chez Preminger – d’un peu de style et d’une photo plus « atmosphérique », mais l’intérêt se maintient jusqu’au bout, même quand le scénario se transforme subitement en courtroom drama. Et puis, la toute dernière scène, le tout dernier plan sont assez inattendus et glaçants pour transcender tout le reste !

ROBERT MITCHUM, JEAN SIMMONS, MONA FREEMAN ET KENNETH TOBEY