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« HARRY DANS TOUS SES ÉTATS » (1997)

14 Fév
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HAZELLE GOODMAN ET WOODY ALLEN

Étonnant film que « HARRY DANS TOUS SES ÉTATS », sorte de mosaïque naviguant entre rêves, fantasmes, autocritique acide et vie privée à peine déguisée. Dès le générique-début, repassant plusieurs fois les mêmes images, jusqu’à exaspération, on sent que Woody Allen veut sortir de sa routine, tenter de nouveaux moyens de narration. Il l’avait déjà fait de manière radicale dans « MARIS ET FEMMES » (1992), mais ici les « jump cuts » sont franchement superflus et contreproductifs, même si on en comprend la raison : déconstruire le montage, comme on déconstruit Harry…ETATS.jpeg

Il s’offre le gratin des actrices hollywoodiennes de l’époque pour parler de lui bien sûr, de la difficulté d’écrire, des racines de son inspiration, et pour étaler avec un masochisme achevé ses petits (et gros) travers, sa relation aux femmes. Les scènes où il se fait injurier par Judy Davis puis par Kirstie Alley sont d’une violence verbale inouïe et sentent le vécu à plein nez. On est donc partagé – et encore plus que de coutume – entre le rire, car certaines situations et répliques sont extraordinairement drôles et la désagréable sensation d’assister en voyeur à une longue séance de psychanalyse. Allen ressasse les mêmes situations : sa relation avec son élève Elisabeth Shue est calquée sur celle qu’il entretenait avec Mariel Hemingway dans « MANHATTAN ». D’ailleurs, celle-ci apparaît dans un petit rôle ! Il n’hésite jamais à se vautrer dans un mauvais goût assumé (la séquence en enfer avec Billy Crystal), mais connaît de grands moments de grâce comme le voyage en voiture pour être honoré dans son ancienne fac ou, chef-d’œuvre absolu : la scène où Robin Williams va tellement mal qu’il devient… flou. Littéralement ! Le film vaut d’ailleurs d’être vu uniquement pour ce moment surréaliste et poétique. On revoit avec joie des visages familiers : Julie Kavner en épouse de Williams, Tony Sirico hilarant en flic, Bob Balaban en copain cardiaque, le jeune Paul Giamatti, on aperçoit de futures vedettes comme Jennifer Garner (deux secondes), Tobey Maguire, la craquante Julia Louis-Dreyfus. Mais celle qui rafle la vedette à tout le monde, c’est Hazelle Goodman magnifique en prostituée délurée et pleine de bon-sens. Un peu trop bordélique, bizarrement explicatif sur la fin et même un brin trop sentimental, « HARRY DANS TOUS SES ÉTATS » n’en demeure pas moins un film-bilan tout à fait plaisant, d’un narcissisme insensé. Mais après tout, n’est-ce pas pour cela qu’on l’aime, Woody ?

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JUDY DAVIS, AMY IRVING, ROBIN WILLIAMS ET JULIE KAVNER

 

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