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« LE TRAÎTRE » (2019)

14 Nov
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PIERFRANCESCO FAVINO

Inspiré de faits réels survenus dans les années 80, le scénario du film de Marco Bellocchio « LE TRAÎTRE » n’est pas sans rappeler celui de « COSA NOSTRA », sorti il y a 45 ans.TRAITRE.jpg

C’est en effet l’histoire d’un « soldat » de la Cosa Nostra qui finit par trahir son clan et par balancer ses secrets devant la justice. À la différence que « LE TRAÎTRE » se passe en Sicile et pas aux U.S.A. « Je ne me considère pas comme un traître », dit Tommaso Buscetta (Pierfrancesco Favino) en substance, « Ce sont les autres qui sont les traîtres aux idéaux de la Cosa Nostra ». Cela définit bien ce personnage hors-normes, séducteur égoïste, tueur et trafiquant d’héroïne, mais aussi individu charismatique et courageux, osant affronter la « Piovra » en la regardant dans les yeux. Favino – un des grands acteurs de sa génération, toutes nationalités confondues – donne un relief extraordinaire à Buscetta, particulièrement dans ses face à face avec le juge Falcone (magnifique Fausto Russo Alesi), où se nouent des liens de respect, voire d’amitié. C’est cet aspect « à hauteur d’homme » qui différencie « LE TRAÎTRE » des films de Francesco Rosi, par exemple et lui donne une texture exceptionnelle. Tous les personnages sont parfaitement dessinés. On pense à Fabrizio Ferracane, véritable Iago cynique et abject, Nicola Calí qui incarne un Toto Riina plus vrai que nature. Tous les seconds rôles sont au diapason. Bellocchio ne donne aucune coloration romanesque ou spectaculaire à son film. Il se contente de suivre pas à pas le destin d’un homme, avec ses contradictions, ses fautes et sa dignité. Et quand arrive la fin, et qu’on commence à s’apitoyer sur le sort de ce vieillard paranoïaque, il nous assène un flash-back sec et implacable, qui nous rappelle qui était exactement Buscetta. Un grand film !

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FAUSTO RUSSO ALESI ET FABRIZIO FERRACANE

 

27 réponses à “« LE TRAÎTRE » (2019)

  1. jicop

    14 novembre 2019 at 8 h 31 min

    Si faut aller au cinéma pour participer à un blog cinéma maintenant …
    Il y a longtemps que je ne vais plus dans ces lieux de perdition : usines à pop-corn bruyants pour ventres sur pattes , déversoirs à publicités débilitantes à destination des masses extatiques avalant leurs sodas jusqu’à la dernière goutte ( vous savez quand ça fait sluuuurpp au fond du gobelet plastique ) , foutoirs existentiels pour ados acnéiques dont les mains tremblantes compulsent toutes les 2 minutes la messagerie sur Smartphones à 1000 euros dans un vacarme de bips . Le tout compromettant toute vision apaisée d’un quelconque métrage pour un individu comme moi .
    Une des dernières fois , j’ai voulu tuer un etre humain à cause de tout ça . Je tiens à ma santé mentale .
    Le grand film , je le verrai chez moi , sur mon lecteur Blu-ray acheté d’occase 49 euros 99 à Cash converters , avec ma femme , ma fille ( quand elle sera grande ) et mon ecureuil de Corée ( quand il aura fini de manger ses noisettes ) .

     
    • Corey

      14 novembre 2019 at 9 h 53 min

      Ou alors, fréquenter les ciné-clubs pour voir… des « vieux films ». Bon, on s’en sort plus. Mais tu n’as quand même pas de chance, le portrait que tu dresses du cinéma est un peu apocalyptique, ça se beaucoup mieux, la plupart du temps !

       
      • Patrick

        14 novembre 2019 at 12 h 43 min

        Il y a un peu de vrai mais c’est tout de même un tantinet caricatural.
        Je vais rarement en salles mais je me déplace pour des films comme Starwars sinon récemment je suis allé voir le dernier Rambo mais j’ai laissé tombé pour le dernier Terminator.

         
      • walkfredjay

        14 novembre 2019 at 13 h 31 min

        Je rejoins hélas, Jicop dans sa détestation du cinéma tel qu’il est depuis pas mal d’années, maintenant : odeur écœurante du beurre des pop-corns, sonneries de portables (chuchotements de ceux qui décrochent), commentaires à haute voix, etc. Je ne vais plus au cinéma depuis très longtemps après avoir écumé les salles assidument. Je ne le regrette pas vraiment. Le DVD puis le Blu-ray compensent largement.

        « LE TRAÎTRE », je l’ai vu dans un Blu-ray italien.

         
  2. Seb

    14 novembre 2019 at 13 h 28 min

    Bien que je me rende relativement peu en salles pour des raisons diverses (prix du plein-tarif pour ma pomme, choix de films réduit dans ma région), je reconnais que ça reste la plus belle façon de voir des films, la plus pure, la plus immersive. Pour ce qui est du comportement pénible de nombreux spectateurs, il suffit très souvent de choisir les séances en VO et/ou à des heures où le public de masse est affairé ailleurs: c’est très confortable et on peut quasiment s’asseoir où on veut !

     
    • Marc Provencher

      14 novembre 2019 at 14 h 15 min

      « ,,,la plus immersive. »

      Et de loin. Mêmes problèmes pour les salles de ce côté-ci de l’Atlantique – d’autant plus qu’ici comme en France, l’adolescence est hélas tolérée par la Loi – mais certains films gagnent vraiment beaucoup à être vus en salle. C’est la « vraie » façon de voir un film, même si j’utilise les « fausses » façons bien plus souvent !

       
    • Patrick

      14 novembre 2019 at 16 h 34 min

      Oui dans le semaine en après-midi, on est souvent tranquille mais en effet le prix est parfois dissuasif.

       
  3. octobre

    14 novembre 2019 at 15 h 52 min

    Je rejoins Jicop dans sa vision des salles de cinéma d’aujourd’hui , sans oublier les petits cons qui martèlent votre dossier avec leurs pieds ou les grands cons qui viennent se mettre juste devant votre siège, obturant pour toute la projection la partie basse de l’écran , lequel a perdu , me semble-t-il , un peu de surface au fil des décennies.Et pourtant , c’était agréable de suivre une séance à une époque où n’existait pas tous ces polluants sonores.Quand la lumière décroissait , les bavardages devenaient chuchotis puis s’éteignaient. Le film commençait et la foule des spectateurs vibrait , riait , frémissait à l’unisson . Mais je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans……Alors , pour satisfaire mon envie de cinéma , j’ai choisi la VOD .Pas de déplacement , pas d’horaires.Quand le film est téléchargé , serein, je prend la télécommande et j’appuie sur « lecture »….Et c’est à ce moment là que ma charmante épouse décide de passer l’aspirateur.

     
    • Patrick

      14 novembre 2019 at 16 h 37 min

       
  4. Miguel

    14 novembre 2019 at 16 h 36 min

    Un film sur le Maxi-Procès de Palerme. 2h pour mettre en scène des années d’enquêtes, de procédures et de procès. Le film expédie tout ça, andiamo ! Jusqu’à maintenant, je n’ai pas été déçu par la mini série « Corleone » retraçant le parcours de Toto Riina et du combat juridiques des juges Falcone et Borsalino. La série est très romanesque mais explique bien des choses.

     
  5. Corey

    14 novembre 2019 at 17 h 13 min

    Vraiment, on est des drôles de cinéphiles sur ce blog… On ne voue pas un culte à Tarantino, on ne va pas au cinéma… Ilsl y en a qui ont été au bûcher pour moins que ça !

     
    • Patrick

      14 novembre 2019 at 17 h 26 min

      Je crois que nous sommes des gars qui regardent beaucoup plus de films que la moyenne et c’est plus pratique de le faire peinard chez soi.

       
  6. lemmy

    15 novembre 2019 at 15 h 22 min

    Bande de scrogneugneus ! Je ne pensais pas être une exception en étant un assidu du cinéma, y allant très souvent. Atteint actuellement d’un lumbago récalcitrant, j’y vais même presque tous les jours. Je n’ai pas eu depuis longtemps ce problème des obsédés du pop corn et du portable. Alors évidemment, si vous allez au ciné un samedi soir voir le dernier blockbuster sorti, il paraît évident qu’il y aura du monde avec des friandises moites ou pas. J’ai vu « J’accuse » le jour de la sortie et je n’ai pas eu le moindre inconvénient. Je serais infiniment triste de ne pas avoir vu « Rambo 5 » (dans une salle clairsemée fleurant la vieille testostérone et le sadisme) et « Terminator 6 » (dans une salle sentant la rouille) en salles. L’ami qui m’y accompagnait a passé de longues années aux USA et me raconte avec joie les séances américaines de ciné animées dans les quartiers populaires, ce qui ne l’a pas empêché de demander calmement à une spectatrice de T6, qui discutait, de parler moins fort, celle-ci s’est vivement excusée et n’a plus pipé mot. Personnellement, il y a des films que je ne peux voir qu’au cinéma, pas en dvd.

    A part ça, j’ai vu cette semaine « Le Traître » au cinéma et j’en suis sorti impressionné, le film est terrifiant.

     
    • Patrick

      15 novembre 2019 at 16 h 45 min

      Je suis allé voir tout à l’heure « J’accuse » excellent film.

       
    • corey

      15 novembre 2019 at 17 h 02 min

      Mais c’est toi qui a raison Lemmy ! Je regrette personnellement mon manque de goût pour le cinéma, mais mon problème est que je n’aime pas les contraintes pour mes loisirs…

       
    • Jicop

      15 novembre 2019 at 20 h 18 min

      Scrogneugneu toi-meme 😅
      Ton anecdote sur la spectatrice de T6 est touchante ( mes yeux sont humides ) mais va dire a une bande de  » jeunes  » ( dans l’hexagone, pas aux states ) d’arreter de foutre le souk pendant une sceance , tu m’en diras des nouvelles 😎

       
      • lemmy

        15 novembre 2019 at 22 h 21 min

        Il m’est effectivement arrivé une fois, malgré mon gabarit, de presque me faire foutre sur la tronche par une bande de jeunes impétrants, une fois en 30 ans de cinéma. Il m’est arrivé de ne pas rentrer dans une salle pour un film d’horreur en regardant avec ce regard que donne l’expérience les spectateurs d’une salle pleine, tous avec les portables allumés et l’attitude allumée, donc j’allais ailleurs… Mais mon ciné est passé au vost, habile manoeuvre, et il est clair qu’avec mes activités, je peux aller au ciné le matin ou en début d’après-midi, et lorsque j’y vais le we, je sais éviter d’instinct les salles sensibles. J’admets aussi que je suis dans une ville où j’ai accès à des dizaines de salles, dont des cinés avec des films anciens. Mais je dois avouer que le type le plus furieux que j’ai eu dans une salle était inattendu : dans une petit salle presque vide, je voyais « L’Homme tranquille » avec jubilation, et un type bcbg et âgé s’est mis à parler à voix haute de sa journée… Ainsi, une fois, qu’un groupe de vieilles pies qui commentaient à voix haute le film comique français visualisé…

        Mais merde, voir « Rambo 5 » au ciné, c’est quelque chose, quoi. Tiens, demain, Jicop/scrogneugneu, je vais aller voir un Kirk Douglas à ta santé !

         
  7. Jicop

    16 novembre 2019 at 12 h 56 min

    Le pire c’est que je sais que tu as raison , mon Lemmy . Mon dernier film au cinema c’etait la version integrale d’  » il etait une fois en Amerique  » en v.o dans une petite salle il y a quelques annees et tout s’est bien passé .Mais pour combien de de sceances gachees par des casse-c… , surtout avec l’apparition des cartes cine qui ont vu debouler des consommateurs de films plus que de vrais passionnes.
    Quand je sort de ma caverne , c’est uniquement pour voir ou revoir des films que j’aime sur grand ecran quand je n’Ai pas eu le plaisir de les voir dans pareilles conditions, comme » 2001  » ,  » Apocalypse now  » etc…

     
  8. Seb

    20 novembre 2019 at 13 h 44 min

    J’en ressors ; très grand film en effet, que l’on n’attendait forcément pas de la part de ce cinéaste souvent derrière des oeuvres assez absconses voire hermétiques. On retrouve le souffle des grands drames politiques transalpins des années 70. Sans nul doute ma plus belle découverte de 2019 avec Ad Astra.

     
    • Seb

      20 novembre 2019 at 13 h 53 min

      …j’ajoute que Pierfrancesco Favino (aperçu à plusieurs reprises chez Stefano Sollima) y est prodigieux, avec un charisme qui n’est pas sans rappeler Gian Maria Volonte.

       
    • Marc Provencher

      20 novembre 2019 at 14 h 11 min

      « Ce cinéaste souvent derrière des œuvres assez absconses voire hermétiques. »

      Certes. J’ai toujours eu du mal avec Marco Bellocchio. Sauf pour un film, ‘VIOL EN PREMIÈRE PAGE’ avec Gian Maria Volontè (1972, bien sûr) : justement parce que c’était son film le moins personnel! Un film de genre, un de ces « drames politiques transalpins des années 70 ».

      Mais depuis, dans les années 2000, Bellocchio a changé, il a plus ou moins laissé derrière lui les œuvres – comme tu dis fort justement – « assez absconses voire hermétiques » (comme ‘AU NOM DU PÈRE’ (1971) et ‘LE SAUT DANS LE VIDE’ (1979), qui faisaient se pâmer les critiques). En particulier, je te recommande un drame politique absolument vibrant, ‘BUONGIORNO NOTTE’, (2003) avec une Maya Sansa en état de grâce dans le rôle d’une terroriste et Roberto Herlitzka formidable en Aldo Moro.

       
      • Seb

        20 novembre 2019 at 14 h 36 min

        Duly noted! Je ne connais l’oeuvre de Bellocchio que par bribes mais c’est vrai qu’entre Les poings dans les poches, La chine est proche et Au nom du père (tournés dans les années 60-70) et des films comme Vincere ou Le traître, c’est un peu le jour et la nuit… quasiment comme si Godard avait décidé de devenir Damiano Damiani ! J’ai cependant failli oublier Le sourire de ma mère (2001), un de ses plus beaux et pourtant pas forcément le plus accessible.

         
      • Seb

        20 novembre 2019 at 14 h 38 min

        …la Chine avec « C » majuscule, per piacere!

         
  9. Marc Provencher

    20 novembre 2019 at 15 h 03 min

    « …quasiment comme si Godard avait décidé de devenir Damiano Damiani ! »

    C’est un peu ça ; mais tiens justement, quand on voit les tout premiers Damiani, ‘L’ÎLE DES AMOURS INTERDITES’ (1962) ou ‘L’ENNUI’ (1963) d’après Alberto Moravia, on se dit qu’en fait Damiani a commencé un peu comme Bellocchio ! Enfin c’est très « auctorial ». Puis est survenue la première crise (strictement financière celle-là) du cinéma italien en 1964, et alors il s’est reconverti dans le western avant de passer au thriller… and the rest is history !

     
    • Seb

      20 novembre 2019 at 16 h 04 min

      Tiens, j’ignorais l’existence de ces titres et surtout de cette « période » dans la filmo de Damiani. Mais il est vrai que chacun s’y est mis de son « art house filmmaking » à un moment donné, Nouvelle Vague oblige.

       
      • Marc Provencher

        20 novembre 2019 at 16 h 55 min

        Hum, la Nouvelle Vague a assez peu influencé les Italiens des années 58-63, alors lancés dans la plus formidable vague créative qu’une industrie du cinéma ait connue. Difficile de décrire tout ce qui se passait en même temps ! Mais du côté, disons, du cinéma dramatique ambitieux de l’époque, les premiers films de Mauro Bolognini, Franco Maselli, Francesco Rosi, Gillo Pontecorvo, Valerio Zurlini, Elio Petri, Florestano Vancini et combien d’autres restaient souvent bien plus lisibles et accessibles au spectateur lambda – « user friendly », dirait-on de nos jours – que celui d’un Godard. (Ce que les critiques et les intellectuels d’ailleurs ne maquaient pas de leur reprocher, mais bon au moins ils en parlaient, ce qui n’était même pas le cas pour la comédie…) Un peu plus tard cependant, vers la fin des sixties, apparaissent les Bertolucci et autres Bellocchio, qui eux sont pâmés devant la Nouvelle Vague, et aussi Pasolini, qui ne donne pas sa place dans le genre « abscons voire hermétique ».

         
      • Seb

        20 novembre 2019 at 19 h 10 min

        Pas faux, j’ai un peu éludé trop vite les Bolognini, Petri & cie qui faisaient à cette époque des films exigeants et ambitieux tout en restant fluides et à hauteur humaine, soit on ne peut plus éloignés de bon nombre d’exercices de « petit malin » commis dans l’Hexagone et ailleurs. On peut dire que les Italiens ont eu leur New Wave plus ou moins au même moment que les Américains qui, après la mort des studios et un peu avant le New Hollywood, ne juraient à un moment donné que par leur fameuse « counterculture ».

         

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